Les conseillers presbytéraux font battre le cœur des paroisses

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 Les conseillers presbytéraux font battre le cœur des paroisses

Comme tous les trois ans, les paroissiens d’Alsace et de Moselle vont élire en février 2021 leurs conseillers presbytéraux. Ici, la paroisse est dynamique et le renouvellement sera facile. Là, la charge est plus compliquée pour ceux qui s’impliquent. Ailleurs encore, les forces vives viennent à manquer. Trois conseillers racontent leur engagement.

Haguenau

« Mon engagement a rempli ma vie »
Forte de ses 3 000 fidèles, la paroisse citadine de Haguenau n’a aucune difficulté à attirer de nouveaux conseillers aux compétences précieuses. Brigitte Neiss revient sur ses 18 épanouissantes années d’engagement, dont trois en tant que présidente.

« S’engager dans un conseil ne se limite pas à deux heures de réunions par mois. Ça a rempli ma vie », prévient Brigitte Neiss avec fierté. « Au début, on est timide, puis on prend de l’aplomb. » La retraitée se félicite d’avoir appris à aller vers les autres pour donner aux paroissiens le plaisir d’aller aux cultes et qu’ils s’y sentent accueillis avec attention. « Ils passent une demi-heure à échanger sur le parvis de l’église après la célébration», s’enthousiasme-t-elle. « Les pasteurs et beaucoup de paroissiens sont devenus des amis. » La chaleur humaine est aussi la marque du Stamtisch qu’elle a fondé il y a 13 ans déjà avec un petit groupe de paroissiens.
En tant que présidente, Brigitte Neiss s’est aussi fait un devoir de représenter la paroisse lors des événements municipaux et des rendez-vous de la paroisse catholique. « Cette visibilité dans la cité est très importante et très appréciée », défend-elle. Elle estime essentiel que le conseil presbytéral soit présidé par un laïc. « Le pasteur a déjà un agenda assez chargé. » Il pourrait par ailleurs difficilement être juge et parti en animant les discussions rétrospectives sur ses cultes, d’usage dans ce conseil.

« Casquettes inattendues »

La conseillère n’élude pas les tensions inévitables qui émaillent les réunions de ce qu’elle considère comme une « famille », heureusement toujours « portées par l’amour et le pardon de Jésus-Christ ». Comme la décision de vendre un bâtiment pour construire des logements à même de financer l’entretien d’un parc immobilier vieillissant. Mais pour assumer ces « casquettes inattendues », « nous pouvons toujours compter sur les talents des bénévoles, comme par exemple en BTP », insiste-t-elle.
Brigitte Neiss regrette cependant de ne pas avoir trouvé « cette petite baguette magique » qui donne envie aux jeunes familles de s’impliquer. La Haguenovienne retient l’épreuve pesante des débats sur le mariage des couples de même sexe : « Nous avons veillé à ce que cela se déroule dans le respect et l’écoute », se souvient-elle. « Mais certains ont menacé de quitter la paroisse. »
Malgré les contraintes liées au coronavirus, les conseillers n’ont pas voulu céder à « la facilité » de renoncer au repas paroissial de la fête des récoltes. 300 personnes ont répondu présentes : les bénévoles leur ont livré leurs repas. « Il fallait oser l’imaginer. Cela a permis de garder le lien, de rester visibles et aussi de garantir des ressources financières sans nous reposer uniquement sur les appels aux dons. »

Claire Gandanger

Soultzeren

« Sans pasteur, les gens pensaient que la paroisse allait s’écrouler »
Conseillère à Soultzeren depuis 2012, Claudine Wagner en est devenue la présidente au départ du pasteur en 2018. Depuis, il a fallu faire sans.

Présider le conseil n’était « pas le vœu premier » de Claudine Wagner. Pourtant, lorsque le pasteur en partance, laissant la présidence vacante, lui a demandé d’endosser cette fonction, elle a accepté. « Au début j’ai tâtonné », se souvient-elle. « Ça m’est tombé dessus, mais on apprend. » Elle découvre alors « tout le versant administratif de la vie de la paroisse », sans compter l’organisation des cultes et des temps forts de la communauté.
Mais ce qu’elle pouvait espérer provisoire dure. Aucun candidat ne se présente avant novembre de cette année. Alors le conseil s’organise. En 2019, un regroupement s’opère entre les paroisses de Soultzeren et de Stosswihr. Les trois pasteurs encore présents sur le consistoire célèbrent les cultes à tour de rôle dans l’une des deux églises, avec l’aide de deux pasteurs retraités et de prédicateurs laïcs. Les mois passent, puis les années. Et le conseil, soudé, ébauche un projet à présenter aux candidats. « Vu la tâche, les conseillers devront être présents pour décharger le pasteur », juge aujourd’hui Claudine Wagner.

Sortir l’Église de l’église

Le conseil veut aussi s’adresser aux plus jeunes et aller à la rencontre de ceux qui ne viennent pas aux cultes. « Aller vers celui qui est en marge est mon moteur », glisse la sexagénaire qui explique s’être engagée pour « accompagner [sa] communauté dans une direction d’ouverture » et lui insuffler de la vitalité. Claudine Wagner est une vraie « boîte à idées ». Beaucoup d’entre elles consistent à sortir l’Église de l’église. Elle réfléchit par exemple à organiser des cultes sur le GR5 de la route des crêtes. « Jésus était un marcheur. Il allait rencontrer les gens là où ils étaient », rappelle-t-elle.
« Si j’avais été seule, je n’aurais pas pu faire autant », insiste-t-elle. « J’ai eu la chance d’être entourée de personnes qui voulaient elles-aussi donner un bel élan à notre paroisse». Parmi les paroissiens, elle note aujourd’hui « une ambiance chaleureuse ». Les conseillers sont secondés par des bénévoles dynamiques. « Sans pasteur, les gens pensaient que la paroisse allait s’écrouler. Je pense qu’ils nous sont reconnaissants d’avoir tenu », sourit la présidente, qui regrette toutefois que beaucoup soient réticents à s’engager au conseil. Sur les six postes de conseillers, seuls cinq sont pourvus. Mais ce qui compte pour elle, c’est cette solidarité et cette entente « qui pourrait être enviée ». En février, elle briguera un nouveau mandat de conseiller. Quant à la présidence, elle est prête à la laisser aux volontaires comme à reprendre le flambeau.

Anne Mellier

Sarre-Union

« Il y a toujours quelque chose à faire »
Armand Bieber est conseiller presbytéral de la paroisse de Sarre-Union. Actuellement à mi-mandat, il vit son engagement en équipe, avec les autres conseillers, et se met au service de sa communauté à travers mille petits gestes.

Tous les dimanches, Armand Bieber se rend à l’église de Sarre-Union pour le culte. En tant que membre du conseil presbytéral, il fait régulièrement partie de l’équipe de trois ou quatre personnes chargée de préparer l’église avant l’arrivée des paroissiens. « Vérifier l’église », c’est voir si tout est prêt, allumer le chauffage, « préparer ce qu’il faut pour que les gens se sentent à l’aise ». C’est aussi, parfois, sonner les cloches et « aller voir les nouveaux » quand ils se présentent. Celui qui se décrit comme étant « plutôt manuel » prête aussi main forte pour de menus travaux, et l’organisation d’évènements comme le barbecue ou la fête de la paroisse. « Il y a toujours quelque chose à faire », conclut-il, jovial.
Armand Bieber a rejoint le conseil il y a maintenant onze ans. Une manière d’être « engagé dans mon église, dans ma paroisse », pour celui qui s’est converti au protestantisme à 32 ans, en participant à des groupes de prière. « C’est le président du conseil qui me l’avait demandé », se souvient-il. Des gens qui acceptent d’endosser cette fonction : « C’est difficile à trouver, ça devient une denrée rare. » Ce sera encore le cas aux prochaines élections : sur les douze membres du conseil « il y a deux sortants et on a du mal à trouver des personnes qui veulent s’engager. Je ne comprends pas pourquoi les gens qui sont motivés doivent s’arrêter après un certain nombre de mandats

Élargir le cercle des paroissiens

Le conseiller se réjouit de « l’esprit d’entraide » au sein du conseil. « C’est un plaisir d’être ensemble. On est une super bonne équipe quand on fait des choses pour la communauté », se réjouit-il. Parmi les actions du conseil, des moments conviviaux pour élargir le cercle des paroissiens. « On est une vingtaine le dimanche, se désole Armand Bieber. Pour une ville comme Sarre-Union, c’est peu. Bien sûr, il y a beaucoup de gens qui ne viennent pas à l’église qui ont quand même la foi. Mais mon vœu le plus cher, ce serait qu’on soit plus nombreux au culte », explique celui pour qui la vie n’est pas seulement « la vie comme ça », à savoir : la vie ordinaire, le travail, les loisirs et les amis. Pour lui, derrière cette vie, il y a l’autre, spirituelle, et essentielle à nourrir en « ces temps tellement durs ».

A. M.

 

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