Parler pour sauver des vies

60 000 personnes vivent aujourd’hui en France grâce à une greffe. Autant de miracles impossibles sans la générosité des donneurs d’organes et de tissus humains, encore trop rares. À l’occasion de la journée nationale du don d’organes le 22 juin, éclairage avec l’Adot 67.

 

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« En donnant ses organes, une personne sauve en moyenne six vies », met en avant Christiane Debs, présidente d’honneur de l’Association pour le don d’organes et de tissus humains du Bas-Rhin (Adot 67). En France, 26 000 malades sont aujourd’hui dans l’attente d’une greffe. Mais seuls 20% d’entre eux auront la chance d’être transplantés. Au-delà des inévitables contraintes biologiques de compatibilité, un tiers des décès de donneurs potentiels se solde par un refus de prélèvement.

La loi française veille à ce que les dons soient gratuits et anonymes et considère que tout citoyen adulte est présumé donneur à sa mort, quel que soit son âge, à moins qu’il ne stipule le contraire de son vivant. Pourtant les refus actés sur un registre dédié ne constituent qu’une infime part des fins de non-recevoir. Presque toutes émanent des familles. L’agence de bioéthique permet, au nom de l’éthique, qu’elles opposent un refus que leur proche leur aurait exprimé à l’oral.

Un enjeu de santé publique

Face à un décès accidentel et donc brutal, la famille doit se positionner dans un délai très court alors qu’elle est en état de choc et que le sujet n’a encore jamais été évoqué, sait bien Christiane Debs. Un cœur par exemple n’est transplantable que dans un délai de quatre heures. « Les gens se disent que comme ils sont automatiquement donneurs, ils n’ont pas besoin d’en discuter. Parlez en famille, abordez le sujet au moment opportun », implore la militante, consciente que des tabous restent à lever. La peur que leur proche ne soit pas vraiment mort retient de nombreuses familles. Dans les faits, pratiquement tous les donneurs décédés le sont de morts cérébrales, principalement à la suite d’accidents de la route ou domestiques. Leur cerveau a cessé de commander le corps, quand bien même celui-ci a été placé temporairement sous assistance. La fin de toute activité cérébrale est vérifiée par des examens rigoureux à quatre heures d’intervalle. « Aucune victime de crise cardiaque ne peut être prélevée », rassure Françoise Maurer, présidente de l'Adot 67. Les autres donneurs sont des personnes que la famille a décidé de faire débrancher, dans des cas de coma par exemple.
Les deux femmes tiennent à déconstruire les réserves religieuses tenaces, attachées à l’intégrité sacrée du corps et en particulier au respect du cœur comme siège de l’âme. « Le cœur n’est qu’un muscle. C’est le cerveau qui anime », rappelle Françoise Maurer, tandis que Christiane Debs défend le principe de solidarité cher à toutes les confessions. Le Talmud et le Coran ne proclament-ils pas « Qui sauve une vie, sauve l’humanité toute entière » ? Avec le cœur, le prélèvement de la cornée est l’un des plus difficiles à appréhender pour des familles terrifiées à l’idée que leur parent soit dévisagé. « La cornée est un tissu pas plus grand qu’un ongle », corrige Christiane Debs. « Les médecins posent à la place une lentille. »
Nul besoin d’être mort pour exercer sa générosité. L’Adot 67 appelle à se porter volontaires pour donner sa moelle osseuse. La très rare compatibilité entre un donneur et un malade conduit les pays du monde entier à coopérer. Une personne a une chance sur un million que son tissu puisse aider quelqu’un. Dans ce cas, les cellules de moelle sont simplement prélevées dans le sang après la prise d’un médicament, à la manière d’un don de plaquettes. L’agence de biomédecine manque actuellement d’hommes. L’inscription sur le registre des donneurs de moelle osseuse peut se faire entre 18 et 35 ans. Les volontaires peuvent être appelés jusqu’à leurs 60 ans. Tous organes et tissus confondus, les responsables de l’Adot 67 soulignent qu’il y a quatre fois plus de probabilité d’avoir besoin d’une greffe au cours de sa vie que d’être prélevé d’un organe compatible avec un patient. Un enjeu de santé publique qui, en somme, concerne tout le monde.

Claire Gandanger

 

Site : www.adot67.org

 

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