À Mackwiller, les Ukrainiens en leur foyer

Tout un village se mobilise pour que son ancien centre de colonies de vacances ukrainien puisse accueillir des réfugiés.14_Mackwiller.jpg

Dès les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’était une évidence à Mackwiller : le château du village, empreint de décennies de rires d’enfants ukrainiens, se devait d’accueillir des Ukrainiens en fuite. Pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, ce centre de colonies de vacances fondé par le prêtre gréco-catholique ukrainien Paul Kohut, aujourd’hui décédé, était le repère des enfants de la diaspora ukrainienne en France, échappée du communisme. Leurs séjours étaient ponctués par les messes, mais aussi par l’apprentissage de leur culture, se souvient Sylvie Herrmann, 66 ans, qui a tenu la buvette lors du concert organisé pour financer l’accueil de réfugiés ukrainiens au village. « Le foyer ukrainien, c’est une partie de ma
jeunesse » confie-t-elle. « Nous squattions les étés au-dessus de la cour et nous les regardions danser. Je les vois encore. Toutes les couleurs de leurs costumes, leurs fleurs et leurs rubans sur la tête… C’était formidable. » Chaque année, les petits ukrainiens se produisaient devant tout le village à la fin de l’été. « Il ne se passait pas grand-chose ici. Avec eux, il y avait de la vie ! » Quoi de plus naturel, donc, pour les villageois et les bourgs des environs que de proposer leur aide à l’Église gréco-catholique ukrainienne* et de lever ses hésitations à se lancer dans la rénovation express de son foyer pour lui permettre d’accueillir des réfugiés. Un chœur de Hollandais fidèle à une longue amitié avec le père Kohut donne le ton et débarque pour faire les premiers travaux d’électricité. La paroisse protestante les invite à partager leurs talents lors d’un concert de solidarité. L’Église met la main à la poche pour le matériel de chantier. Pour le reste, parquet, sanitaires, peinture, pose de cloison, nettoyage… le village se met au travail autour d’un noyau de 25 bénévoles et main dans la main avec des Ukrainiens déplacés déjà installés à Strasbourg. « Même en mon absence, le chantier continue », admire Ségolène Mykolenko, secrétaire de l’éparchie d’Europe occidentale (équivalent d’un diocèse), basée à Paris et qui coordonne les travaux.

Accompagner dans la durée

Les vieux dortoirs sont transformés en une dizaine de chambres et des espaces communs pour héberger une quinzaine de personnes, dont sept enfants. Paroissiens protestants et catholiques et autres donateurs fournissent des matelas, oreillers, draps ou électroménager. « Nous avons pu acheter les lampes de chevet », se réjouit Astrid Geyer, présidente de l’association de solidarité paroissiale protestante Les Greniers de Joseph. « Tout est propre », se félicite désormais Ségolène Mykolenko. « Nous avons fait un premier aménagement des chambres et nous ajouterons des lits pour bébé si nécessaire. » La paroisse protestante de Diemeringen-Mackwiller a constitué une réserve financière pour les besoins des premiers jours. L’association Les Greniers de Joseph, qui a déjà accompagné l’arrivée de familles ukrainiennes à Sarre-Union, se tient prête à parer au plus pressé en nourriture et vêtements avant que l’aide d’État s’organise. Ségolène Mykolenko souligne qu’il faudra surtout des volontaires pour accompagner les gens au quotidien. Des franco-ukrainiens de Strasbourg pourront servir de traducteurs, des particuliers se sont signalés pour des cours de français, l’Ésat voisin pour véhiculer les personnes… La responsable gréco-catholique se dit confiante pour fédérer les bonnes volontés, tout en restant consciente que l’accompagnement d’une personne nécessite l’implication d’au moins six autres pour qu’aucune ne s’épuise. « C’est important d’être présents dans la durée, abonde Astrid Geyer, optimiste elle aussi. Des gens s’étaient déjà manifestés pour accueillir à domicile, souvent des retraités. Ils seront disponibles. » Une fois passés tous les contrôles de sécurité, Ségolène Mykolenko espère que le foyer pourra accueillir des réfugiés dès juillet. Beaucoup d’Ukrainiens déplacés en France sont encore logés dans des hôtels.

Claire Gandanger

*L’Église gréco-catholique ukrainienne est l’une des 16 Églises catholiques de rite byzantin rattachée à Rome. 10% des Ukrainiens sont de confession gréco-catholique, surtout à l’ouest de l’Ukraine. Elle compte une quinzaine de lieux de célébrations en France, dont un à Strasbourg, accueilli par la chapelle Sainte-Anne dans le quartier de la Robertsau.

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