De Versailles à Rosheim, de Taizé au Hohrodberg, monastère ou centre communautaire, protestant ou catholique, chaque lieu est propice à la sérénité, invite au recueillement et à la prière. S’éloigner, ralentir et se taire pour vivre une expérience singulière.

Dans deux semaines, je pars en retraite à la communauté des diaconesses de Reuilly, à Versailles. Et j’en ressens un besoin vital. Besoin de silence, de lenteur, de solitude habitée. Besoin de faire une pause dans un quotidien saturé de sollicitations, pour retrouver un chemin de vérité avec Dieu. Une publicité disait autrefois : « Il faut savoir partir pour pouvoir se retrouver. » Oui, une retraite, c’est bien cela : partir, quitter les repères, sortir du bruit pour se laisser rejoindre dans l’intime. C’est se désencombrer, intérieurement et extérieurement. Faire silence pour écouter.
La maison des sœurs à Versailles est un écrin de verdure, un havre au cœur de la ville. Les travaux de la gare voisine rappellent l’agitation du monde. Mais passé le portail, un autre rythme s’impose : celui de la prière, de l’écoute, du recueillement. La communauté possède aussi une maison d’accueil au Moûtier, D en Haute-Loire, où la nature et les chevaux tiennent lieu de compagnons spirituels.
J’ai découvert les diaconesses en 2005. Il m’a fallu quatre ans pour oser franchir le pas. En juillet 2009, je passe un mois avec elles en tant que volontaire. J’ai 22 ans, je suis un peu perdue, étudiante sans boussole. J’aide la communauté cinq heures par jour, en échange du gîte et du couvert. Ce rythme simple et structuré m’ancre. Trois offices par jour, des repas en silence, des temps de solitude. Surtout, je reprends ma Bible. Les psaumes me bouleversent par leur vérité brute. À la fin du mois, je repars apaisée, recentrée, plus confiante.
Dix ans plus tard, en juillet 2019, je reviens. Entre-temps, la vie m’a façonnée : joies, épreuves, crises de foi. Cette retraite sera marquée par le pardon et la réconciliation. Accompagnée par une sœur, je relis à la lumière des Écritures mes blessures et mes égarements. Je prends enfin le temps de m’arrêter. C’est un luxe, dans une période de discernement où se dessinent de grands choix, tant personnels que professionnels. Ce séjour prolongé me permet aussi de nouer des liens inattendus, profonds, fraternels, avec chaque sœur, mais aussi avec les retraitants. J’entends parler de différentes Églises et mouvements, proches de la communauté.
Chaque retraite est une halte, une respiration. Un retour à l’Essentiel. On croit s’éloigner du monde, mais on s’en rapproche autrement, depuis un lieu plus vrai, plus ajusté. J’y ai appris la puissance de la prière et de l’intercession. Dans le retrait s’offre la communion à l’universel. Dans le silence, Dieu parle.
Anne-Sophie Boyer,
cheffe de projets communication
pour l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine