Faut-il manifester sa joie pour la vivre pleinement ?

 Un verset biblique, une question et trois points de vue : philosophique, psychologique et biblique

• Le coin du philosophe d'Olivier Peterschmitt

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Philon : On croit que la joie est un sentiment qui vient spontanément. Mais tout comme l’amour, la joie est autant un sentiment qu’une volonté. Il ne suffit pas d’attendre de l’éprouver ; il faut se préparer à la ressentir et la cultiver. Chacun doit prendre cette résolution, même secrète, d’être joyeux, pour avoir une chance de l’être.

Socrate : Cette sagesse intérieure est aussi un devoir envers les autres. Nous devons manifester cette joie pour que d’autres la ressentent. La tristesse est tellement répandue et tellement de personnes se plaignent de ceci ou de cela. Ceux qui n’ajoutent pas leur mécontentement à cette mauvaise humeur ambiante sont des bienfaiteurs. Ils font cadeau de leur joie et purifient l’air pour que d’autres apprennent à mieux respirer dans leur existence.

P : Pourtant les cris de joie expriment bien souvent une sorte d’hystérie collective. On se laisse entraîner par la bonne humeur ambiante, la fête bat son plein et l’alcool aide à se lâcher. Le bruit sera d’autant plus élevé que le public sera plus enivré de boisson et du sentiment de former un grand corps chaud. Le prophète Zacharie pense entendre Dieu dire à son peuple : Crie de joie, car me voici, je viens demeurer au milieu de toi. Mais ces cris de joie manifestent moins la présence de Dieu que l’ivresse communautaire portée par une musique dansante.

S : Sont-ce bien des cris de joie ? La joie, comme le fait remarquer profondément Bergson, est distincte du plaisir. Elle n’est pas une sensation biologique, mais une satisfaction existentielle devant l’œuvre accomplie. La mère ou le père, devant leur enfant, l’entrepreneur devant son entreprise, l’artiste devant sa création, le savant devant sa découverte éprouvent tous la joie d’avoir appelé quelque chose à la vie. C’est pour cela que la joie a un accent triomphal : comme une victoire remportée sur l’inertie, l’habitude, le routinier, le prévisible. Elle est indissociable du miracle de la naissance de ce qui ne pouvait en rien être prévu et qui sort de l’ordinaire des jours. Le dieu créateur, lui aussi, est joyeux de notre joie. Nous nourrissons la joie divine chaque fois que notre œuvre prend la forme d’une communauté unie. Ce qui demeure au milieu de nous, ce qui fait lien, est justement la création originale et miraculeuse d’un commun. Dieu a créé non des créatures mais des créateurs. L’important n’est pas de manifester la joie mais d’avoir de bonnes raisons de l’éprouver : une de ces raisons sera-t-elle d’avoir créé une communauté juste et fraternelle ? 

 

 

• Le coin de la psy d'Arlette Haessig

Chacun de nous a déjà vécu des moments où la joie surgit comme un messager qui nous signale qu’un ou plusieurs de nos besoins sont satisfaits. 

La joie est une des émotions primaires, elle est facile à identifier, car elle est agréable à ressentir. Comme toutes les émotions, elle est brève et passagère. La joie est subjective et elle résulte d’une interprétation personnelle de la réalité. Ainsi, elle émerge lorsque certaines conditions propices sont réunies : un événement, quand nous sommes en accord avec nos valeurs profondes, quand nous nous sentons à la bonne place au bon moment. Selon la psychothérapeute Isabelle Filliozat, elle « surgit du contact intime avec soi-même, sans le masque ni la carapace quon a peut-être mis pour se conformer » au désir dautrui. Elle peut varier d’intensité, ceci dépendra du degré de satisfaction de nos besoins. La joie déclenche également des réponses physiologiques et physiques. Elle peut se percevoir à travers un sourire, des rires, des cris de joie, des danses et des embrassades. Il est reconnu que le fait d’exprimer sa joie est une aide pour surmonter les émotions négatives et dépasser le pessimisme et la déprime. Elle nous fait du bien, ainsi qu’à notre entourage. Le dicton la joie est contagieuse a pu être confirmé par des études scientifiques. En effet, plus une personne est sincère et expressive, plus sa joie a tendance à être perçue et imitée. Il est donc important et bienfaisant d’exprimer sa joie, car elle est un atout précieux pour créer et renforcer les liens sociaux. 

Cependant, il n’est pas toujours possible de rire et de pousser des cris. Nous avons parfois à la réguler et à la maîtriser pour nous adapter à certaines situations ou par respect pour autrui. Par exemple, lorsque nous venons d’apprendre une bonne nouvelle et que nous rencontrons une personne en deuil. Nous pouvons aussi vivre des joies discrètes en admirant un beau coucher du soleil. Elle peut même se manifester dans l’épreuve, lorsque nous nous sentons en lien profond avec une personne.  Par exemple dans l’accompagnement d’un malade, lorsque nous lui tenons sa main et nous lui caressons le front.

La joie peut donc se manifester discrètement ou s’exprimer bruyamment. Nous la vivons pleinement, lorsque nous sommes reliés à nous-même et en lien avec les autres. Pour cela, aiguisons notre attention pour prendre conscience de cette émotion quand elle surgit en nous ! Laissons-la agir en nous ! Alors ses bienfaits pourront même bénéficier à ceux qui nous entourent.

 

 

• Le coin biblique d'Edith Wild

Capture d’écran (4).pngZacharie : son nom signifie « Dieu se souvient » ! Tout est dit. Un appel corrélé à une promesse est lancé au peuple qui, après l’exil, revient sur sa terre natale quelque peu déboussolé. S’annonçait une ère de prospérité et de bien-être, mais voilà que la restauration du Temple promise en temps d’exil semble différée. Les espoirs nourris s’évanouissent peu à peu, l’avenir est incertain. Dieu se serait-il absenté de l’histoire des hommes ?

Cette question rejoint la nôtre, nous qui vivons une période de troubles et de crises : dérèglement climatique, pandémie du Covid-19, incertitude économique, féminicides, montée de la violence, et j’en passe.

Zacharie rassure son peuple miné par le doute et promet la venue imminente de Dieu, liée au sanctuaire en reconstruction et où il va résider. Mais parce qu’elle abrite le Temple, c’est la ville tout entière qui est promue au rang de résidence personnelle de Dieu. Zacharie interpelle Jérusalem en la personnifiant sous les traits d’une femme, sans distinction entre les rapatriés et les Judéens restés sur place. Avec les exilés revenant à Jérusalem, c’est Dieu lui-même qui vient et s’ouvre à tous les peuples. C’est en lui qu’il s’agit de chercher sa sécurité. 

Car Dieu n’est pas indifférent à ce qui se passe dans le monde. Même si sa fidélité est bafouée, piétinée, ses projets bouleversés, ses plans détournés et son cœur morcelé, son amour n’est pas épuisé. Encore et toujours, il se lie aux humains et renouvelle son alliance. Il promet : « Je viens »… pour le renouvellement de toutes choses et de tous. 

C’est pourquoi, crie de joie ! Quitte ta robe de tristesse. Réjouis-toi et centre ton regard sur le Seigneur. Reste à son écoute tant de sa parole que des événements. Alors tout ton être sera saisi. Ton cœur exultera, tes mains s’affermiront, ton corps sera entraîné dans la danse. Car Dieu ouvre un chemin et un demain.

La joie offerte

Bien sûr, quand tout va bien, la joie est facile. Mais il suffit d’une crise d’arthrite pour qu’elle prenne un coup. Cependant, si notre joie prend sa source en Dieu, elle permet de voir au-delà des apparences, brise peur et angoisse et suscite en nous l’espérance. Le dernier mot de l’histoire est à Dieu, qui se fait tout proche, tout proche de tous, sans exception. Au cœur de nos diversités, il offre sa joie qui dépasse les frontières.

« Je viens demeurer au milieu de toi », dit Dieu. C’est le sens même de son nom révélé à Moïse au Sinaï : je suis et serai toujours avec toi. 

Des siècles plus tard, le messager de Dieu viendra dire à une fille d’Israël : réjouis-toi, Marie, le Seigneur est avec toi. Et Jean proclamera : la parole a été faite chair et a habité parmi nous (Jean 1, verset 14).

Bonne nouvelle, joie pour tous ! En Jésus le Christ, le Tout Autre se fait Tout Nôtre, le Très haut Très bas. Il vient toucher la paille de nos misères pour en faire le berceau de sa miséricorde. Il est Dieu avec nous : Emmanuel. 

Faisons lui place au plus profond de nous-mêmes et notre vie s’épanouira en joie !

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