Olivier Collange, professeur en anesthésie-réanimation au CHU de Strasbourg.
Être devant la vague. « Nous devions toujours avoir quelques lits de réanimation d’avance », se souvient Olivier Collange, témoignant de l’angoisse des soignants au plus fort de la lutte contre le virus. Le 7 mars, l’hôpital «se réorganise à marche forcée en mode Covid-19 ». «Alors qu’en raison du manque d’infirmières, des lits de réanimation étaient fermés depuis plusieurs mois, nous avons augmenté leur nombre de 140 % », souligne le praticien hospitalier, habitué à être sur le pont et à mobiliser les équipes. Pendant cette période, il a « passé plus de temps à l’hôpital que chez lui ».
Il n’a pas oublié cette nuit, fin mars, lorsque tous les lits étaient occupés. Les transferts de patients lourds vers des hôpitaux à l’autre bout de la France et dans les pays voisins permettront de desserrer l’étau. L’entraide n’a pas été un vain mot. Public et privé, comme la clinique Rhéna, ont travaillé ensemble.
Aucune initiative n’a été superflue », assure-t-il. Des médecins et infirmières anesthésistes des blocs opératoires ont intégré le dispositif. Tout comme les élèves infirmiers, les internes, les médecins de la réserve sanitaire. Cela a été très dur pour ceux qui n’avaient jamais pris en charge des patients en « réa ». Des soignants sont venus de Haguenau. Des équipes se sont constituées « de manière simple et pragmatique ».
Le professeur Collange n’élude pas les questions autour du « tri» des malades. «Nous essayons toujours de trouver le traitement adapté. La réanimation n’a de sens que si la pathologie est curable et si la vie d’après est acceptable », explique-t-il. Malgré tout, il ne trouve « pas honnête de ne pas donner tous les moyens aux hôpitaux et, en situation critique, de faire porter la responsabilité sur les réanimateurs...» Si questionnement il doit y avoir, « ce serait plutôt sur le manque de masques au
début de la pandémie et sur les stocks qui avaient été détruits ». Il a fallu d’urgence trouver les équipements pour préserver les soignants.
Comme référent chercheur, il lui paraît «impératif de mieux comprendre cette nouvelle maladie », même si des progrès ont été faits. C’est le défi des mois à venir. «Au nom de tous les actes de solidarité », Olivier Collange espère cependant que «nos concitoyens garderont le sentiment que les médecins ont pu faire face à la crise ». Et « n’oublieront pas l’engagement fort des soignants, alors que le pays était confiné...»
Y.B.