Que faire des terres d'Église

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Dans le Bas-Rhin, le Chapitre de Saint-Thomas et les paroisses de l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (Uepal) détiennent plus de 3 000 hectares de terres agricoles. À la mi-avril 2024, la Commission des affaires sociales, politiques et économiques de l'Uepal (Caspe) a ouvert un temps d’échange sur les bonnes pratiques à favoriser en Église, à l’occasion d’une journée de rencontres.


Le 12 avril 2024, une centaine de personnes s'est retrouvée dans l’église protestante de Hoerdt pour discuter agriculture durable et gestion des parcelles au sein de l’Église. Initiée par la Caspe, cette journée « a eu lieu dans le contexte d’une réflexion globale sur les effets du réchauffement climatique », détaille Fabienne Rubach, présidente de la Caspe. Pendant deux ans, les membres de la commission ont échangé avec différents intervenants sur trois volets : l’agriculture, le bâtiment et les transports. « Nous souhaitions organiser quelque chose de tout public autour de l’un de ces thèmes », explique la présidente.

Deux éléments ont emporté le choix de la Caspe sur l’agriculture : le contexte social du début d’année avec la mobilisation des agriculteurs et la position particulière du Chapitre de Saint-Thomas et des paroisses de l’Uepal, propriétaires de terres agricoles. Institution millénaire, le Chapitre de Saint-Thomas est en effet l’un des premiers propriétaires de terres agricoles du Bas-Rhin. « Nous gérons 1 668 hectares situés dans 150 communes, dont une part importante au sein de l’Eurométropole, détaille Marc Urban, directeur de la structure. Cela représente 2 600 parcelles louées aujourd’hui à 680 fermiers. Elles sont essentiellement constituées de champs, de prés, de vergers et de vignes qui ont été légués au Chapitre au fil du temps. »

La délicate question de l’attribution

« L’Alsace est un petit territoire au sein duquel la tension foncière est très forte, poursuit Marc Urban. Le Chapitre s’est rendu compte que l’attribution d’une parcelle était quasiment un acte politique. Quand des terres se libèrent, nous avons entre cinq et six candidats qui se présentent pour les reprendre. Avant, une seule personne était chargée de décider des attributions au sein du Chapitre. Cela faisait toujours des mécontents. En 2016, nous avons changé cela et créé une commission de quatre personnes chargées de faire des choix en fonction de critères préétablis pour être les plus objectifs possibles dans l’attribution des terres. » Le Chapitre favorise notamment les petits agriculteurs avec des salariés, les jeunes exploitants, celles et ceux qui possèdent un élevage au sein de leur ferme et qui envisagent une agriculture bio ou raisonnée. En tant que propriétaire, le Chapitre n’a pas la possibilité d’imposer des pratiques agricoles vertueuses sur ses parcelles. « Mais lorsque nos locataires nous sollicitent pour des projets d’agroforesterie ou de plantations de haies, nous les soutenons, explique Marc Urban. La question du développement durable nous interpelle et nous allons voir quelles compétences nous pouvons mobiliser pour sensibiliser sur la question. »

Du côté de l’Uepal, une enquête patrimoniale est en cours sur les possessions des paroisses. « À l’heure actuelle, ce qui est connu représente 1 800 hectares mais la réalité est sans doute supérieure, détaille Christian Albecker, président de l’Union. Les paroisses sont souveraines dans leurs décisions d’attributions et de gestions des terres dont elles sont propriétaires, mais dans l’Église de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine, elles doivent avoir l’autorisation du Directoire si elles en vendent. Dans ce dernier cas, nous demandons l’avis du Chapitre de Saint-Thomas. Nous les encourageons aussi à appliquer ses critères en matière d’attribution. »

En avril, la journée organisée par la Caspe a attiré une centaine de personnes, dont des agriculteurs. « L’idée derrière cette journée, c’était de faire un état des lieux et de partager des envies de bonnes pratiques qui permettent d’avoir une agriculture plus respectueuse sur le long terme, explique Jean-Sébastien Ingrand, chargé de mission Justice climatique au sein de l’Uepal. L’Église peut donner l’exemple. L’enjeu, à terme, c’est de nourrir la planète de manière durable. » Et de rappeler que « théologiquement, la Bible demande aux chrétiens de respecter la Création et de ne pas l’exploiter outre mesure. »

Anne Mellier

 

 

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