11_fontoy.jpgDésaffection, difficultés d’entretien, travaux importants… plusieurs raisons peuvent conduire une communauté à vendre une église. Une démarche loin d’être évidente.

Située en Moselle, à la frontière avec l’Allemagne, l’église de Petite-Rosselle a été vendue en 2019, six ans après que le dernier culte y ait été célébré. Le bâtiment nécessitait de coûteux travaux de mise aux normes et les équipes de bénévoles qui entretenaient le vaste terrain en pente et s’occupaient de la location de la grande salle à l’étage « ne parvenaient pas à se renouveler, retrace la pasteure Cosima Hoffmann. Nous avons eu une réflexion sur le nombre de personnes venant aux cultes et sur le fait d’investir autant d’argent dans la rénovation : pouvait-on trouver ces fonds ? » Le conseil presbytéral prend donc la décision de vendre, et organise deux assemblées paroissiales pour en discuter avec la communauté. « Certaines personnes étaient contre, se remémore Cosima Hoffmann. Nous avons bien expliqué ce qui nous poussait à nous séparer de l’église, dit que cela nous faisait mal à nous aussi de prendre une telle décision. Mais une église est faite pour que des personnes puissent s’y réunir. Si elle se vide, que faire du bâtiment ? »

Désaffectation et consultation

De la décision à la vente effective, il reste toutefois une procédure à respecter. Le conseil presbytéral doit en effet demander l’autorisation de céder l’église aux instances de l’Uepal, lequel exige depuis plusieurs années que le Chapitre Saint-Thomas soit consulté au cours du processus, pour donner un avis sur le projet de vente. « Notre mission, c’est de donner un conseil général pour éviter que la paroisse ne vende son bien à un prix dérisoire, expose Marc Urban, directeur de l’institution. Nous donnons des arguments pour qu’elle négocie le mieux possible. » Le Chapitre interroge également les paroisses sur la vente. « Nous les poussons à envisager toutes les possibilités, poursuit Marc Urban. Notre présence permet de faire émerger des S questions qu’elles n’osent pas se poser. » Comme, par exemple, d’accepter de vendre l’église pour acheter un autre bien, ou de la céder dans le cadre d’un projet urbain pour ensuite exiger une dation au sein de ce dernier. « On enlève les complexes que les responsables peuvent éventuellement avoir, la question n’étant pas de savoir comment ils en sont arrivés là mais ce que l’on peut faire ensemble maintenant. S’ils sont forcés de vendre un bien, autant que ce soit dans les meilleures conditions. » Une fois l’accord du Directoire obtenu, reste à demander celui de la Préfecture. « En Alsace et en Moselle, les paroisses ont le statut particulier d’établissement public du culte. Le temple ou l’église sont des biens affectés au culte, détaille Alice Faverot, secrétaire à la présidence de l’Uepal. Il faut demander leur désaffectation, ainsi que l’autorisation de vendre le bâtiment. » Demandes qui peuvent être déposées simultanément ou séparément. 

L’ensemble de la procédure prend plusieurs mois, voire un an selon les cas. Mais en ce qui concerne l’église de Petite-Rosselle, c’est surtout la recherche d’un acquéreur qui a été longue. « Le plan urbain prévoyait que le bâtiment devait rester un établissement recevant du public », explique Cosima Hoffmann. De quoi contrarier les plans de commerçants ou d’artisans intéressés. Finalement vendue à un particulier, l’église accueille aujourd’hui une école de tango argentin. Elle a conservé en grande partie son aspect initial. « Ça nous a rassuré », reconnaît la pasteure, qui juge encore aujourd’hui que cette vente était « une bonne décision ». « Nous avons toqué à la porte des catholiques qui nous ont accueillis à bras ouverts », poursuit celle qui célèbre un culte dans leur chapelle tous les mois. « Un élément œcuménique non négligeable. » Depuis 2019, sept églises ont été vendues ou désaffectées au sein de l’Uepal.

Anne Mellier

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