Disparu depuis des décennies, le comput de Schwilgué qui calcule la date de Pâques va retrouver sa place à la cathédrale de Strasbourg.

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Admirée chaque année par trois millions de visiteurs, l’Horloge astronomique, un des joyaux de la cathédrale de Strasbourg, rythme le temps qui passe. Sa singularité relève moins de ses automates, que des mécanismes imaginés et construits par Jean-Baptiste Schwilgué (1776-1856), qui avait été chargé de restaurer l’horloge. Ainsi du comput ecclésiastique qui, sous l’effet de poids, se déclenche depuis 1848 chaque 31 décembre à minuit, et calcule la date de Pâques et des fêtes mobiles pour l’année à venir, avant de les envoyer au calendrier perpétuel de l’horloge. Lorsque Jean-Baptiste Schwilgué était enfant, l’horloge fonctionnait depuis 1574 dans l’édifice qui était alors luthérien depuis 1529 et jusqu’en 1681. Elle était en panne depuis la veille de la Révolution. Elle avait souffert d’un manque flagrant d’entretien. Lors d’une visite dans la cathédrale, Schwilgué aurait juré de remettre l’Horloge astronomique en marche. Pour relever ce défi, il s’initia seul aux mathématiques, à la mécanique et à l’horlogerie pour reproduire les fonctions de l’horloge, mais de manière mécanique. Après des années de recherches, il construisit en 1815 un « petit comput », capable d’indiquer à la demande la date de Pâques qui change chaque année. Pour le faire valider, il le présenta en 1821 aux savants de l’Institut de France et au roi Louis XVIII.

Une histoire de transmission

Cet étonnant prototype de 300 pièces, qui tient dans une boîte à chaussures et préfigure le comput ecclésiastique toujours en place, semblait bel et bien perdu. Sauf qu’en 2021 une Strasbourgeoise – sous couvert d’anonymat – contacte le conseil de fabrique de la cathédrale. Elle avait retrouvé le petit comput conservé dans une boîte en métal, avec un livre de Schwilgué et quelques notices, après la mort de son grand-père paternel. Sa grandmère était la filleule de descendants de Clémentine, la benjamine de Jean-Baptiste Schwilgué, qui avait reçu le comput en héritage. Ils l’avaient donné, après la Deuxième Guerre mondiale, à leur filleule. « Nous nous sentions, mes deux filles et moi, les dépositaires d’un objet d’une valeur inestimable. Il va retrouver sa place à la cathédrale. C’est une histoire de transmission de bout en bout par les femmes », sourit la donatrice qui est catholique. À charge pour les Amis de la cathédrale et leur vice-président, Me Francis Limon, de trouver un mécène pour l’exposition temporaire prévue dans la chapelle Saint-André, face au Pilier du jugement dernier. « Ce comput interroge notre rapport au temps », observe le chancelier de l’archevêché, Bernard Xibaut, et ce temps est orienté vers le retour du Christ. » Autre projet, un film documentaire évoquant la vie et le génie de Schwilgué, en lien avec les horlogers Ungerer. Protestants comme lui, ils avaient repris son entreprise et entretenu l’Horloge astronomique. Leur arrière-petit-fils, l’artiste Tomi Ungerer, décédé en 2019, s’est intéressé toute sa vie aux automates… En attendant, le journaliste Jacques Fortier a fait du comput de Schwilgué la trame de son dernier roman, un des plus captivants de la série, Le maître des horloges (Le Verger Éditeur, 204 p., 12 €), qu’il a situé en 1931, avec des retours à l’époque de Schwilgué. Pour cette huitième enquête de Jules Meyer, appelé à résoudre l’énigme du vol supposé du comput, l’auteur a compulsé les archives concernant l’Horloge astronomique et les recherches de Schwilgué. Au-delà de l’intrigue policière, les données historiques, scientifiques et théologiques sont exactes. « Le comput était une des réalisations dont Schwilgué était le plus fier. Il n’était pas très religieux, mais persuadé que la science pouvait tout résoudre, il a mené des recherches jusqu’à trouver le mécanisme qui fera tout seul le calcul du dimanche de Pâques », explique Jacques Fortier qui salue cette démarche « à la fois un peu gratuite et splendide…».

Yolande Baldeweck

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