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Bien que la vitesse du temps ne change pas, les humains ont souvent l’impression que, au fur et à mesure des années, tout s’accélère. Le responsable ? Notre cerveau, selon l’américain Adrien Bejean, professeur en génie mécanique. Il l’a démontré dans une étude de 2019 : lorsque notre corps vieillit, notre cerveau est lui aussi de moins en moins efficace, d’où une impression plus fréquente d’être submergé d’informations. Partant de là, comment se représenter sereinement le temps, passé ou futur ?

Mohamed a 77 ans. Encore en forme pour son âge, il sait que les prochains rendez-vous de sa vie, qu’il le veuille ou non, seront des passages à l’hôpital. Il redoute également le futur pour ses enfants : « Tout va trop vite, le climat, l’informatique … on n’arrive pas à suivre », déclare-t-il. Difficile de lui donner tort sur ce point, en cette année 2023. Qu’il s’agisse des records de températures ou des progrès si rapides de l’intelligence artificielle qu’elle effraie même ses créateurs les plus zélés, les plus jeunes ont aussi de quoi se faire du souci. Marine, 19 ans, avoue essayer de l’ignorer dans son quotidien, mais l’angoisse climatique est toujours là pour elle, sourde et pesante. Pour relativiser, elle se concentre sur sa vie au jour le jour. « J’ai un travail, un logement, pas de problèmes financiers, c’est le principal », confie-t-elle.

Une certaine idée de l’époque

Justement, sur quoi se concentrer, et que retenir surtout d’une vie, en particulier lorsque l’on est au seuil de celle-ci ? Paul, 89 ans, vient d’écrire un livre pour raconter son parcours, destiné notamment à ses arrière-petits-enfants. « Pour leur permettre de relativiser, d’avoir une idée de l’époque où leurs ancêtres ont vécu qui leur donnait satisfaction, même sans tout ce progrès technique actuel. » Interrogé sur ce qu’il retient de sa vie, sur ses grandes étapes, ce sont surtout la fondation de sa famille, sa carrière d’enseignant ainsi que son engagement politique qui lui viennent en tête. Des moyens d’aller vers son prochain, selon lui. Globalement, de telles considérations reviennent souvent dans les mots des passants interrogés à Strasbourg : une fois que la vie familiale semble construite, que la vie professionnelle a été suffisamment remplie pour éloigner les questions d’argent, ne vient plus que l’attente du repos, qui sonne souvent avec le mot « retraite ». Un mot qui rime aussi, cette année, avec une certaine incertitude. Mais là où les plus anciens se réjouissent de ces grandes étapes accomplies, leurs descendants sont parfois sceptiques. Charline, la trentaine, a l’habitude d’entendre tous ces récits de vie, en tant qu’aide-soignante dans un Ehpad. « Ce sont des gens qui n’ont fait que travailler, qui ont eu beaucoup d’enfants… Aujourd’hui ils en sont contents, mais est-ce qu’ils ont vraiment profité ?, se demande-t-elle. Oui, ils ont pu acheter leur maison, mais aujourd’hui la maison souvent est vendue pour payer l’Ehpad et ils se retrouvent avec plus grand chose. Personnellement, ça me fait relativiser sur l’importance de l’argent et la nécessité de profiter de la vie. »

Géraud Bouvrot

 

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