La prédication est une affaire de fidélité : rendre fidèlement ce que les auteurs bibliques ont voulu dire, inspirés qu’ils étaient par l’Esprit Saint. Tout l’effort du prédicateur est de les faire à nouveau parler ; comme s’ils se tenaient en chair et en os devant nos assemblées proclamant la Parole de Dieu. Certes, par leur accoutrement, leur attitude et leurs références culturelles, ils auraient quelque chose de daté, qui ne colle pas à notre temps. Et pourtant, on réaliserait que leur message nous touche directement dans toute notre actualité.
Est-ce prétentieux de se croire ainsi fidèle à Dieu ? D’être à son tour porte-parole pour que Dieu soit parlant aux gens d’aujourd’hui, avec, selon la formule du théologien suisse Karl Barth (1886-1968), la bible dans une main, le journal dans l’autre ?
Modestement, le prédicateur ne peut qu’invoquer le secours de Dieu lui-même : Seigneur, qu’as-tu à nous dire ? Lui parvient alors le soutien de tant d’autres qui, bien avant lui, ont étudié les Écritures et les ont commentées. Par leur éclairage, il peut se risquer à l’exercice périlleux de dire ce qu’il a perçu, autant du contexte des auteurs bibliques que de l’urgence des questions actuelles.
Il devrait cependant se permettre de laisser les fidèles (c’est le cas de le dire) interagir et dialoguer bien davantage durant le culte. Ensemble avec lui, ils chercheraient dans la Bible les réponses à leurs questions. La prédication s’actualiserait comme une Parole de Dieu pour son Église et non pas comme le message d’un brillant orateur pour son auditoire.
Ce serait certainement plus crédible pour les gens d’aujourd’hui et plus fidèle à ce qu’étaient
les auteurs bibliques : des porte-paroles de Dieu non pas pour des auditeurs individuels
mais pour un peuple de fidèles.
Éric Schiffer, pasteur