maico-pereira-Z0Wa2A5NVTM-unsplash.jpgLe calendrier législatif sur le projet de mariage homosexuel rejoint la réflexion des églises sur la bénédiction des couples homosexuels: relancé par deux synodes régionaux en 2010 et suite au Synode national de 2011, le Conseil National de l’ERF a mis en place un « Groupe de travail : bénédiction des couples PACSés »

Plusieurs pays européens reconnaissent le mariage homosexuel : les Pays-Bas (2001), la Belgique (2003), l'Espagne (2005), la Suède (2009, où l'Eglise est tenue de trouver un pasteur pour célébrer le mariage religieux), la Norvège (2009), le Portugal (2010) et l'Islande (2010). Ailleurs, les couples d’un même sexe ont des statuts proches. Dans plusieurs pays, des églises protestantes bénissent des unions de couples homosexuels, avec des variantes quand à la forme et à la manière de faire la différence avec une bénédiction d’union hétérosexuelle. En Hollande, dès 1986, la petite Eglise remonstrante et les anabaptistes ouvre la voie. Dans l’Eglise de Rhénanie, RFA, les discussions ont commencé en 1968, une bénédiction dès 1988, puis une commission de réflexion, les débats en paroisses dès1996, et le Synode de 2000, constatant des avis partagés encourage à accompagner (aussi par le culte) des couples non mariés homosexuels, mais de laisser chaque paroisse décider Cela rejoint une pratique en France :

En effet, la Mission Populaire évangélique de France, proche des églises historiques, autorise les pasteurs «  à participer à un geste liturgique d’accueil et de prière pour un projet de couple homosexuel pacsé, après accompagnement du couple, dans la mesure où ce geste ne s’apparente en aucune manière à une bénédiction de mariage et ne s’impose pas à la communauté locale ». Il faut donc qu’un débat local ait lieu. Plusieurs bénédictions ont eu lieu à la Maison Verte (Paris). Chez les luthéro-réformés c’est un document du CPLR qui fait encore référence (Synode Cognac 2004) : « il n’est pas opportun d’envisager un culte de bénédiction qui entretiendrait la confusion entre couple homosexuel et hétérosexuel ». Dans la pratique, des paroisses et des pasteurs accompagnent spirituellement des couples homosexuels qui le demandent et il « arrive de dire en privé la bénédiction de Dieu sur leurs personnes mais aussi sur leur couple, afin de les encourager à l’engagement et à la fidélité avec l’aide de Dieu » (Réforme N° 3480, p. 2). Pour une cérémonie publique il faudra que le Conseil presbytéral soit lui aussi d’accord et que les synodes n’interdisent pas de le faire.

Il va donc être important que les églises locales puissent débattre de cette question, puis de celle de l’homoparentalité qui est liée ; une première étape sera en effet de parler, de dire comment chacun comprend cette question et si possible de parler non pas sur les couples homosexuels mais avec eux. J’ai rencontré des personnes homosexuelles blessées par des paroles qui les considèrent comme des malades à soigner ou des pécheurs à convertir, ou des objets de débats ; imagine t-on dans l’Eglise de débattre des jeunes dans l’Eglise sans parler avec des jeunes ?

Parler du couple homosexuel, ce sera parler …du couple, de mon couple : la vie partagée à deux s’enrichit des différences, bien au-delà de la seule différence sexuelle qui est une des mille différences qui existent entre les être humains, reflétant cette diversité humaine. Je connais des homosexuels qui disent ne pas avoir choisi de l’être, mais de s’être reconnu, et qui espèrent bâtir une vraie vie de couple dans la fidélité, le respect, le pardon et la foi.

Notre lecture de la Bible sera interrogé : pouvons-nous fonder une morale sur une lecture particulière, hors contexte historique et culturel, et appliquer certaines paroles qui appellent à exclure, lapider, tuer, à réduire en esclavage, à la polygamie ? Nos lectures auront à s’attacher aux grands thèmes qui esquissent les contours d’une vie de couple en Dieu : fidélité, promesse, pardon, respect

L’Eglise « ne marie pas » mais accompagne et bénit un couple déjà marié civilement et qui souhaite rendre un témoignage public, dire sa reconnaissance de l’amour reçu et partagé et placer son engagement sous la bénédiction de Dieu. Dans quelle mesure cet accompagnement pourrait-il se faire aussi pour des couples PACSés (hétéro ou homo), ou pour des couples homosexuels (bientôt ?) mariés. L’expérience de certaines églises allemandes ou de la Misspop pourrait servir de base de réflexion

Enfin, bénir n’est pas donner un jugement de valeur ou une approbation morale de ce que les gens vivent (ainsi la bénédiction en prison), mais c’est bien dire : « Dieu n’est pas exclu de ce que vous vivez, il vous rejoint, vous accompagne  et vous souhaite un avenir» à travers une parole simple et un geste d’accompagnement. Une bénédiction peut être privée (je bénis mes filles tous les matins), rituelle (ainsi à la fin du culte), particulière (ainsi pour un couple) ;

Car les églises accompagnent et auront à accompagner ces différents temps de la vie que sont : la naissance, l’adolescence, le couple, la mort, mais aussi les séparations, les déménagements, les rentrées (scolaire ?), les anniversaires (de deuil, de mariage, de naissance …), les fiançailles, les débuts ministères, les fins de ministères … pour donner du sens (orientation et signification) et vivre la communion en Dieu.

Pierre Magne de la Croix
Membre du « Groupe de travail :
bénédiction de couples PACSés » de l’ERF.

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