
Porte-voix des pauvres, le pape François est mort lundi de Pâques. L’onde de choc qui a touché la planète m’a atteint. Il faut dire que je l’avais un peu « adopté » : il témoignait d’une simplicité évangélique par son attitude, ses tenues vestimentaires, son souci des marginaux, ses prises de position en faveur de la sauvegarde de ce monde.
Le pape Léon XIV est élu après seulement quatre tours de vote. Et pour la première fois, le pape est plus jeune que moi ! Plus important, on spécule sur le fait qu’un pape aussi jeune « va durer », mais il est trop tôt pour commenter son profil ou ses actions.
Lorsque les protestants proposent des idées innovantes sur le climat, comme l’ont fait le Conseil œcuménique, la Fédération luthérienne mondiale ou la Fédération protestante de France, cela reste confidentiel. Mais lorsque le pape reprend ce thème dans Laudato Si’ (2015) sa prise de position devient un événement planétaire. Le pape François s’adressait à son Église comme un pasteur, un berger donc. Le nouveau pape fera-t-il de même ? Nous savons qu’il va inévitablement devoir se confronter à une autre figure, celle de Donald Trump. Ce leader destructeur a publié un photomontage où il apparaît habillé comme le Pape ! Un humour qui en dit long sur sa vanité ! Il est malheureusement soutenu par une large part des évangéliques américains.
Indéniablement, la figure papale incarne l’unité catholique et sa puissance – du moins morale – sur toute la planète. Dans un monde en pleine déréliction, face à cette figure forte et marquante, les protestants souffrent souvent de quasi invisibilité. Mais le salut vient-il de leaders ayant une grande surface médiatique ? La Bible montre une autre voie, car le vrai pasteur, le Berger – vous l’aurez compris, je parle du Christ – est au centre du message. Le témoignage des auteurs bibliques invite à se placer sous l’autorité de ce Berger, pour lequel le commandement d’amour est central. Il met en avant l’humilité, la simplicité, l’intégrité.
Lydie Dattas a écrit un petit livre intitulé L’expérience de la bonté (1999), où elle raconte comment elle a été menée, enfant gravement malade, vers ce Berger par la bonté d’une sœur. C’est elle qui a édité le livre posthume de Christian Bobin, Le murmure (2024). Discret, ce couple a illuminé bien des vies par sa manière de rendre compte de la foi dans des écrits poétiques.
Dans notre monde fasciné par le spectaculaire, marqué par la violence, menacé d’autodestruction, ce Berger, en toute simplicité, apporte l’espérance par la bonté de ses témoins. Sa promesse nous accompagne : je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.
Thomas Wild,
pasteur