Une église au service de la paix

À Froeschwiller, l’église protestante témoigne d’une Histoire locale marquée par les conflits. La municipalité fait tout son possible pour la sauver de la ruine et la transformer en un centre culturel européen de la Paix.

 

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Au soir du 6 août 1870, l’église de Froeschwiller n’est plus. Les Français viennent d’essuyer une cuisante défaite face aux troupes prussiennes. La bataille a fait près de 20000 morts et provoqué l’incendie de l’édifice, qui servait d’hôpital à une centaine de blessés. Remontant à cheval la rue principale du village, l’Empereur Guillaume Ier promet aux habitants qu’elle sera reconstruite. Il lance une souscription dans toute l’Allemagne et récolte de quoi construire deux églises, en lieu et place du simultaneum détruit. Lors de son inauguration, le 30 juillet 1876, le pasteur Charles Klein dédie l’édifice protestant à la Paix.

Les moyens engagés témoignent de l’engouement autour de la souscription. Les vitraux ont été offerts par des grandes familles de l’empire, ceux du chœur et les cloches, par l’Empereur lui-même, à partir de ses deniers personnels. Le lustre est une contribution de la ville de Brême. L’orgue, un don de la Bavière. Et le calice, un présent du Gustav-Adolf-Werk. À tout cela s’ajoute une dotation de 30 000 francs de l’époque, tirée de la caisse impériale, pour pourvoir à l’entretien de l’édifice.

Un siècle et demi plus tard, ce témoin de pierre de l’histoire locale est en mauvais état. L’église est actuellement fermée au public en raison des travaux qui visent à sécuriser le chœur. Des étais ont poussé le long des murs, et d’autres chantiers sont à prévoir dans la nef et le clocher. Du gros œuvre en matière d’étanchéité aussi.

Une « petite cathédrale »

Ce vendredi après-midi de juillet, deux touristes allemands s’approchent des portes et tentent d’entrer, sous le regard désolé du maire de Froeschwiller, Marc Bastian. «Vous voyez, c’est ça tous les jours, ça me rend malade », explique l’édile, qui remue ciel et terre pour sauver l’église protestante depuis son élection. En 150 ans, la dotation prévue initialement s’est évaporée du fait de l’inflation. Et il faut désormais trouver des fonds pour les nombreux travaux nécessaires à la réouverture pérenne de l’édifice. Plutôt grand pour une église de village. « Il faut se représenter ça comme une petite cathédrale, à la charge d’une commune de 500 habitants », détaille l’élu qui a déjà frappé à la porte de toutes les institutions publiques susceptibles de pouvoir financer les 800 000 euros de travaux déjà effectués.

 

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Classé monument historique par les autorités allemandes 20 ans après sa construction, l’édifice en a été radié dans les années 30 par les Français. Il a fallu attendre un siècle pour que l’église ne recouvre à nouveau ce statut, en 2020, après le dépôt d’un dossier par la municipalité. Aujourd’hui, « la structure et le mobilier : tout est classé », se réjouit Marc Bastian qui regrette que l’église n’attire pas plus l’attention des financeurs potentiels. « Si une église avec une telle histoire avait été située ailleurs, à Strasbourg ou à Colmar par exemple, on lui aurait redonné ses lettres de noblesses », observe-t-il. 

 

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Au-delà des travaux de pérennisation, la commune et la paroisse protestante de Froeschwiller ont pour projet de faire de l’église un centre culturel européen de la paix, avec une muséographie adaptée. Une manière de faire connaître plus largement l’histoire de cet édifice et de ce coin d’Alsace secoué par les batailles. « Avec tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui, je pense qu’il revient à tous de s’emparer de ce sujet », explique le maire. Cette église, « c’est un patrimoine que j’essaie de sauver pour en faire un outil pédagogique à destination des générations futures. Si l’on n’explique pas l’Histoire, on ne peut pas expliquer qui l’on est aujourd’hui. »
Pour que ce projet puisse un jour se réaliser, la commune cherche encore des fonds pour poursuivre les travaux. Marc Bastian lance un appel « pour que toutes les institutions s’emparent du sujet ». Publiques, comme protestantes.

Anne Mellier

 

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