De plus en plus de paroisses osent se rapprocher et partager leurs moyens humains comme financiers. Encouragée par la raréfaction des pasteurs, cette nouvelle dynamique fait sortir les fidèles des logiques de clochers et les rassemble autour de valeurs et de projets communs. Au-delà des missions des pasteurs, de nouveaux ministères transversaux viennent leur prêter main forte. L’opportunité de renouveler la vie d’Église.

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L'une des orientations stratégiques élaborées par l’Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine (Uepal) pour la décennie 2015-2025 est intitulée D’une culture de clocher à une culture de projet et de l’individualisme à la solidarité et précise : « Le modèle paroissial, profondément ancré dans les mentalités, doit être renouvelé pour s’adapter au monde moderne et entrer dans une dynamique de projets partagés. De nouvelles formes de coopération et de mutualisation devront être inventées, afin de mobiliser au mieux les moyens humains et matériels que nous savons comptés. »
Qu’en est-il aujourd’hui sur le terrain ? Le phénomène de la sectorisation grandit un peu partout dans les différentes inspections et consistoires de l’Uepal. Derrière ce mot d’une froideur technique se trouve en réalité une nouvelle dynamique. « Je parlerais d’Église en mutation, plutôt que de sectorisation » explique Marc Seiwert, pasteur et chargé de mission auprès de l’Uepal pour accompagner les paroisses. Pour la pasteure et inspectrice ecclésiastique de Wissembourg Esther Lenz, « l’une des premières choses à faire concernant la sectorisation, c’est de changer de vocabulaire. » Elle parle donc plus volontiers de communautés et explique : « la sectorisation, c’est le moyen le moins mauvais que l’on ait trouvé pour organiser la présence de l’Église sur le territoire. » Si l’inspection de Wissembourg est la première à avoir mis en place la sectorisation, il y a sept ans, c’est parce que huit pasteurs sont partis à la retraite en même temps. Huit postes en paroisse qui ne pouvaient pas tous être pourvus. « Depuis 2015 et jusqu’en 2025, nous allons passer grosso modo de 265 pasteurs à moins de 200, mais il y aura toujours 250 paroisses », indique le pasteur Alain Spielewoy, directeur des ressources humaines pour l’Uepal. Le modèle un pasteur-une paroisse a vécu.
Au regard de ce constat, on pourrait se dire « on va faire du palliatif et accompagner le déclin, prévient Marc Seiwert, alors qu’il s’agit de rebondir sur de nouvelles choses » tout en gardant à l’esprit les priorités exprimées sur le terrain qui sont : le respect de la vie et l’écologie, la convivialité et le partage, l’aide à la personne et la diaconie. Même si tout changement a sa part de risque, Esther Lenz rappelle que « le travail en secteur est vraiment un outil. C’est une manière d’adapter la structure administrative rigide du Concordat aux réalités communautaires locales. »

 

Les demandes et les besoins

Il ne s’agit pas tant de redessiner les contours géographiques d’un consistoire ou d’une inspection que de mutualiser les moyens en présence. Il n’existe pas un modèle unique de sectorisation. « La sectorisation ce n’est pas mathématique, c’est de la dentelle, du sur-mesure, explique Esther Lenz. Il faut être très attentifs aux demandes des communautés, ajoute-t-elle. Il faut aussi les aider à discerner quels sont leurs réels besoins. » Pour Alain Spielewoy, ce qu’il faut retenir c’est que les changements ne se font qu’à partir des réflexions et projets établis par les personnes sur le terrain : « nous n’avons pas de vision technocratique de la sectorisation parce que tout se réalise dans une concertation permanente avec les acteurs et les actrices de terrain, les inspecteurs et inspectrices et les présidents de consistoires réformés. »

Les limites

Il ne s’agit pas seulement de pallier l’absence de pasteurs dans les paroisses, de mutualiser les moyens ou de trouver des candidats pour des ministères particuliers, mais de maintenir aussi les spécificités locales. « Ce qui est important, c’est de respecter l’identité de chaque lieu. Si on tente d’écraser les spécificités ultra-locales, on obtient le contraire de ce qu’on veut et on risque d’exacerber les identités », insiste Alain Spielwoy. Pour Esther Lenz, il faut tenir compte aussi des angoisses suscitées par quelque chose qui est de l’ordre de l’expérimentation, et qui n’est pas une certitude pour l’avenir, tant sur les questions d’identités que sur les moyens financiers. Et ne pas oublier de donner du sens à tout cela, car « si la structure ne répond plus au sens, il faut changer la structure précise-t-elle. On part d’une problématique liée à la baisse de moyens humains pour réinterroger la présence d’Église sur le territoire. C’est une opportunité. Mais il faut aussi souligner l’importance du travail fait par les générations précédentes. Parce qu’avant nous, d’autres on fait ce travail du sens. »

La rédaction

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