Trésors en rayons : l'Odyssée du fonds Saint-Guillaume

Trésors en rayon : l’Odyssée du fonds Saint-Guillaume

À Strasbourg, la médiathèque du Quai Saint-Thomas est la gardienne d’un fonds de livres anciens dont l’origine remonte à la première moitié du XVIe siècle. Une exposition met à l’honneur cette collection remarquable jusqu’au 26 octobre.

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Un morceau d’Histoire de Strasbourg. Dans la réserve de la médiathèque protestante, au sous-sol du Quai Saint-Thomas, repose un trésor méconnu du grand public. Les derniers ouvrages d’une bibliothèque ayant traversé les siècles. Celle du collège Saint-Guillaume. Fondé en 1543, l’institution accueille des étudiants sans le sou dans un couvent désaffecté. Elle vit des dons et des legs. En matière de subsides comme d’ouvrages à étudier. La générosité de quelques intellectuels de l’époque – dont les époux Zell – pose les bases de cette bibliothèque étudiante.

Au XVIIe siècle, le collège quitte les bâtiments, vétustes, pour s’installer au couvent des Dominicains, près de l’actuel Temple Neuf. La bibliothèque suit les étudiants et échappe aux confiscations révolutionnaires une centaine d’années plus tard. Décision est pourtant prise de transférer ses ouvrages au dépôt littéraire de la ville. Mais le citoyen chargé de l’opération constate qu’il n’y a plus assez de place sur les rayonnages. Le fonds Saint-Guillaume ne rejoint finalement pas les ouvrages de la future bibliothèque municipale.

Témoignages historiques

Mais quelques périls les attendent. En juin 1860, un incendie se déclare dans les greniers d’une maison située près du Temple Neuf. Se propage au couvent. Un professeur et le directeur du Gymnase tout proche se mobilisent pour sauver la bibliothèque. Ou au moins, les ouvrages datant de la Réforme. Aidés par des militaires et des étudiants, ils parviennent à sauver la moitié des volumes.  Mais pas le bâtiment. Livres et élèves sont finalement relogés au quai Saint-Thomas, où avaient déjà lieu les cours du séminaire protestant. Où ils échappent à un second incendie qui, dix ans plus tard, frappera le Temple neuf et le Gymnase du fait du bombardement de la ville. Et qui donnera lieu à la création de la Bibliothèque nationale universitaire de Strasbourg (BNUS) et de l’actuelle Bibliothèque municipale de Strasbourg.

Aujourd’hui, le fonds de livre ancien de la médiathèque protestante compte quelque 20 000 ouvrages. Environ 10 000 références sont conservées dans la salle Rodolphe Peter, parfois appelée salle du trésor, et située au rez-de-chaussée du Stift (foyer protestant pour étudiants). Sur les rayonnages de cette pièce à la lumière tamisée se trouvent des écrits allant du XVe au XVIIe siècle. Dont quelques pièces remarquables. Telles que des extraits de la Cosmographie de Ptolémée, ou un exemplaire du traité de l’Homme de Descartes avec des collages d’une très grande finesse.

Certains de ces ouvrages sont mis en valeur dans les vitrines de l’exposition proposée par la médiathèque jusqu’au 26 octobre. Cette dernière retrace dans le détail l’histoire du fonds de livres anciens. Elle fait suite à un travail de catalogage effectué cette année par Manon François, sur les pièces du XVIe et XVIIe siècle. « Cela consiste à répertorier un certain nombre d’informations concernant chaque ouvrage, et les rentrer dans une base de données pour pouvoir les retrouver », détaille-t-elle. Un travail méticuleux et précieux. Car sans notice ni catalogue, comment savoir à quoi correspond une cote ? Comment retrouver un livre ? Comment faire savoir aux éventuels lecteurs et chercheurs qu’il existe dans une collection ? Cette cartographie du fonds ancien a permis de redécouvrir certains trésors oubliés. « J’ai traité beaucoup de thèses de théologie, quelques-unes de médecine. Mais ce qui m’a surpris, c’est le nombre d’ouvrages de culture générale », poursuit l’assistante bibliothécaire. Qui a elle-même choisi quelques-unes des pièces en vitrine. Et travaillé sur la scénographie de l’exposition.

En retraçant l’Histoire du fonds, cette dernière rappelle ce qui fait sa richesse. « Ce sont aussi et surtout des écrits du quotidien universitaire, de la littérature grise, détaille Jérémy Kohler, bibliothécaire de la médiathèque protestante. Beaucoup de brochures de séminaire, de recueils de sermons. D’écrits théologiques. Ils disent quelque chose du quotidien des époques auxquelles ils appartiennent. Peu de bibliothèques en France ont conservé de tels écrits ».

Anne Mellier

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