
L’église de Bon-Secours, dont la première pierre a été posée en 1895, a fait l’objet d’une importante rénovation. Regard sur une particularité architecturale et historique.
L'église de la paroisse luthérienne de Bon-Secours, située rue Titon dans l’Est de Paris, vient de faire l’objet d’importants travaux de restauration. L’inauguration du bâtiment rénové a eu lieu le 19 mars en présence d’un public nombreux, de l’architecte en charge des travaux, de représentants des corps de métiers qui ont œuvré à l’édifice et avec une allocution du maire de l’arrondissement. La cérémonie a été animée par la superbe prestation d’une chorale coréenne. Si un culte luthérien se tient chaque dimanche matin, une église coréenne presbytérienne, réputée pour sa magnifique chorale qui compte plusieurs chanteurs professionnels, prend, depuis une trentaine d’années, possession des lieux le dimanche après-midi.
L’histoire de la paroisse et de l’église de Bon- Secours est intimement liée à celle de la communauté alsacienne installée Faubourg Saint-Antoine à Paris composée d’artisans et d’ouvriers venus chercher du travail dès les années 1860, attirés par le développement de la capitale. Après 1870, ils ont été rejoints par un fort contingent d’émigrés. Dans le premier oratoire, situé rue de Charonne, les cultes se déroulaient en français ou en allemand. Les locaux s’avérant trop exigus, le pasteur Frédéric Dumas acquiert en 1893 un terrain permettant d’édifier de nouveaux bâtiments qui sont inaugurés le 10 mai 1896. L’architecte est le protestant Adolphe Augustin Rey (1864-1934) et la plupart des ouvriers sont les paroissiens, artisans de talent du meuble et de l’ébénisterie, de la charpente, du fer et du zinc.
Dans son majestueux plafond de bois sombre, en pitchpin du Canada, est enchâssé un vitrail zénithal cruciforme aux motifs géométriques de couleur pâle (bleu, rose, jaune…) qui éclaire toute la nef. Unique en son genre, il a été réalisé par Marcel Delon, peintre-verrier spécialiste des verres opalescents. Cela contribue à l’acoustique exceptionnelle de la salle, souvent utilisée pour des enregistrements musicaux. Des sculptures de pierre ainsi que le beffroi avec sa cloche d’époque sont également remarquables.
Des travaux d’ampleur
Menacée par un projet immobilier au début des années 1990, l’église doit sa sauvegarde à son inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1992. Elle est régulièrement au programme des Journées européennes du patrimoine.
L’ensemble a subi l’érosion du temps et de graves infiltrations d’eau. Des travaux d’urgence devenaient indispensables. De grande ampleur, ils ont commencé en septembre 2023, afin de préserver le campanile, la façade et les boiseries. Les premiers devis ont été rapidement dépassés, car au fur et à mesure se découvraient de nouvelles défectuosités. Il a ainsi fallu descendre la cloche pour refaire sa charpente. En définitive, les travaux s'élèvent à plus de 400 000 €, somme colossale pour cette petite communauté. Pour réunir un tel montant, la présidente de l’association cultuelle de l’Église protestante unie de Bon- Secours, Pascale Hertzog, une alsacienne active dans la paroisse depuis plus de 20 ans, a dû chercher des financements auprès de nombreuses sources. Elle les a trouvés dans la famille Dumas, dont un des ancêtres avait été le pasteur qui a fait construire l’église actuelle, chez des donateurs privés, à la Direction régionale des affaires culturelles, à la Fondation du patrimoine, auprès de la communauté coréenne et de la Région Île-de- France. Il reste des besoins.
La paroisse de Bon-Secours a des relations de fraternité avec la paroisse strasbourgeoise de Saint-Thomas à qui des amis parisiens ont rendu visite à plusieurs reprises au cours des dernières années, lors de la période du marché de Noël.
Robert Hertzog,
professeur
Informations : www.egliseprotestantebonsecoursparis.com