Trois questions à Edmond Perrier, pédopsychiatre
Est-il toujours souhaitable que les enfants assistent aux enterrements, quel que soit leur âge ?
La question, à mon avis, devrait être plutôt : y a-t-il une raison de ne pas les emmener ? Il n’existe pas de contre-indication, le deuil n’est pas une maladie. Cette question évoque plus largement la place de la mort dans le tissu social. Je me souviens quand j’étais petit, d’enterrements qui se déroulaient dans la maison avec des enfants qui jouaient. Aujourd’hui, la place de la mort a changé mais la montrer n’est pas forcément dramatique, même si le drame fait partie de l’existence. Les funérailles ont une fonction sociale mais permettent aussi de faire le deuil. Il ne faut pas faire de généralités. Bien sûr, on ne se pose pas la même question s’il s’agit d’un nourrisson ou d’un tout-petit qui ne va pas comprendre. On peut l’emmener à un moment précis, par exemple.
Comment les associer ?
Dire au revoir, préparer le deuil, permettent de se rendre compte que la personne n’est pas partie en vacances. La mort ne doit pas être taboue et pas que triste. Les enfants peuvent avoir des souvenirs heureux avec la personne décédée. Il y a deux questions à se poser : quel est le niveau de compréhension de l’enfant et quelle est la capacité des adultes à faire comprendre. On peut se poser par exemple la question de voir le corps ou pas. Les enfants ont beaucoup accès aux images de mort par les jeux vidéos et la télévision, il ne faudrait pas que la mort ne soit qu’une image.
Quelles sont les ressources possibles ?
Je dis souvent aux enfants et aux adolescents que je reçois, que le fait qu’on puisse en parler permet de faire encore un peu vivre le proche décédé au fond de soi. Les parents trouvent des ressources. Chaque famille a ses propres mots, ses propres traditions. Il n’y a pas besoin d’accompagnement psychologique, sauf si le deuil ne se fait pas et que des troubles s’installent sur le long terme.
Propos recueillis par Fabienne Delaunoy