
Inspirée d’une histoire vraie, celle de Martial Richoz (1962-2024), figure célèbre et pittoresque de Lausanne, cette bande dessinée soulève la question de l’intégration sociale des personnes « à part ». Selon sa grand-mère qui l’élève seule, le héros de cette histoire, Paulin Duc, a toujours été « à part ». Selon son enseignante, il aurait fallu que Paulin rentre dans les rangs, d’après les jeunes du quartier il serait plutôt un « tablard ». Lui-même se définirait comme un passionné de trolleybus. Bref, Paulin passe ses journées dehors, seul, à s’inventer des histoires grâce à sa cabine de pilotage de trolley, qu’il a lui-même bricolée. Il interagit avec des passants, qui ne le connaissent pas, des personnes âgées qui jouent le jeu de son imaginaire et des enfants curieux. Jusqu’au jour où un journaliste diffuse son portait à la télévision. Et là, la jalousie des gens « ordinaires » s’aiguise, les rouages de l’institution socio-judicaire s’enclenchent, jusqu’à aboutir à son internement en hôpital psychiatrique, qui deviendra bien sûr sa voie de garage. Quelle place sommes-nous prêts à accorder « aux différents », à ceux qui se protègent dans un monde imaginaire ? Cette bande-dessinée sera dans la sélection du jury œcuménique du festival d’Angoulême.
Nadia Savin
Voie de garage de Sophie Adriansen et Arnaud Nebbache, éditions Dargaud, 2025, 120 p., 23,50 €.