
Voici deux monologues écrits pour le théâtre, joués tous deux par l’excellent comédien Francis Freyburger. Deux personnages se livrent progressivement à nous : Thérèse, que tout son village qualifie de « méchante femme », et Sepp, qui attend son neveu Théo à la sortie du Super U. Deux personnes âgées qui ont en commun d’avoir subi des drames dont ils n’étaient pas responsables, deux êtres faits pour aimer mais privés d’amour, au point d’en être venus, un jour, à commettre à leur tour une faute très grave. Une thématique chère à Pierre Kretz, et qui traverse toute son oeuvre. Ces deux textes ont été écrits et joués en alsacien, et sont présentés ici en édition bilingue (français-alsacien). On connaît la langue alsacienne comme langue du quotidien, du théâtre, de l’humour, des proverbes et même de prière. Avec ces deux pièces, Pierre Kretz nous rappelle que le dialecte est une grande langue de tragédie. Saluons par ailleurs la renaissance des éditions du Tourneciel, qui avaient publié la première édition de Je suis une méchante femme. Leur catalogue porte également haut l’alsacien comme langue de poésie.
Pierre Marchant
Le vieux, la méchante et les autres, de Pierre Kretz, la Nuée Bleue, 2025, 138 p., 18 €.