
Fut un temps – pas si lointain – où il était possible de partager son compte Netflix avec des proches ou de réserver un trajet en avion sans voir le prix du billet s’envoler à chaque nouvelle visite sur le site. Bien que le sujet soit encore relativement peu abordé, la dégradation de la qualité des services fournis par les plateformes est une réalité partagée par tous leurs utilisateurs. Activiste et journaliste, le canadien Cory Doctorow a eu l’idée d’un néologisme pour désigner ce phénomène : « enshittification » ou « merdification » en français. L’idée lui est venue alors qu’il bataillait contre des publicités et des trackers pour trouver un restaurant sur le site TripAdvisor. Dans un livre sur le sujet à paraître en juillet, l’activiste explique la trajectoire de ces acteurs du numérique qui cherchent d’abord à attirer les utilisateurs quand ils naissent, et donc, à se rendre particulièrement utiles, quitte à proposer un service à perte. Ils attirent ensuite des entreprises clientes et orientent la plateforme en leur faveur aux dépens des utilisateurs. Et lorsque la dépendance des premiers et des seconds est acquise, elles redirigent la valeur produite vers elles-mêmes et leurs actionnaires.
Source : Le Monde